Formation permis exploitation et hygiène alimentaire

La fermeture administrative menace les débits de boissons

La fermeture administrative d’un débit de boissons peut être ordonnée par un préfet sous la forme d’un arrêté, en application de l’article L. 3332-15 du Code de la santé publique, et ce, pour un maximum de six mois. Cette sanction n’arrive jamais par hasard et représente pour les établissements détenteurs de la licence pour la vente d’alcool une menace qui peut mener à la fermeture définitive en raison des pertes d’exploitation.

Le but de ces fermetures administratives est de réprimer un établissement qui ne respecte pas la réglementation des débits de boissons, et la durée appliquée sera fonction de la nature, de la gravité et de la répétition des faits constatés. Il est donc toujours conseillé à l’exploitant d’un débit de boissons d’anticiper cette sanction en étant réactif et à l’écoute des riverains, des clients de son établissement et des forces de l’ordre pour mettre fin à un éventuel début de problèmes, si possible avant la perte de sa licence ou de son droit d’ouverture au public.

Le point de départ d’une procédure de fermeture administrative peut en effet être le dépôt d’une plainte par un riverain ou la constatation sur place d’une infraction par les services de police ou de gendarmerie. L’exploitant sera ensuite convoqué pour respecter l’arrêté de loi sur la procédure contradictoire, et recevra par lettre la notification des conclusions des services du préfet, pouvant aller du simple avertissement jusqu’à une fermeture administrative de plusieurs mois.

Les principales causes de fermetures administratives

Les causes d’infractions sont diverses et nombreuses, c’est pourquoi l’article L. 3332-15 du Code de la santé publique permet de les classifier en trois grandes catégories, qu’il est possible de cumuler en cas d’infractions multiples :

  • Les infractions aux lois et règlements relatifs aux débits de boissons, qui peuvent entraîner une fermeture de six mois maximum, après un premier avertissement. Sont concernés par cette catégorie les faits de recevoir ou de servir des boissons alcoolisées à un client manifestement ivre, ou le non-respect des heures d’ouverture et de fermeture. C’est également pour cette raison que les manquements à l’hygiène (denrées périmées dans un restaurant et insalubrité en général), ou les carences par rapport aux normes de sécurité (accueil des personnes handicapées, sécurité incendie) ainsi que l’emploi dissimulé pourront être sanctionnés par le représentant des services de l’état dans le département.
  • Les atteintes à l’ordre public, à la santé, à la tranquillité ou la moralité publique sont des motifs inscrits à l’article L. 3332-15, qui seront sanctionnés d’une fermeture maximale de deux mois, pouvant être portée à trois mois s’il s’agit d’un établissement de vente de boissons alcoolisées à emporter. Cette durée pourra être réduite si le gérant accepte de participer à une formation dans le but d’obtenir un permis d’exploitation. C’est dans cette catégorie que sont traitées les infractions concernant les nuisances pour les riverains, les nuisances sonores le plus souvent, pouvant aller de rixes régulières entre clients à l’intérieur ou autour d’un établissement, jusqu’au problème récurrent de la diffusion de musique amplifiée. Les exploitants faisant le choix de diffuser de la musique dans une zone habitée d’une commune devront fournir un rapport d’étude d’impact mesuré par une société agréée, servant à la fois de déclaration et de permis, attestant d’installations conformes aux normes de limitation du niveau sonore.
  • Les actes criminels ou délictueux sont inscrits au format des cas les plus graves, car outre une fermeture administrative de six mois, ils peuvent être assortis d’un retrait de licence et de permis d’exploitation. Le mélange entre vente d’alcool sur place ou à emporter et ouverture nocturne provoque parfois un cocktail explosif, et il n’est pas rare de voir un débit de boissons cité dans un article de la rubrique faits divers, ou de constater la présence des forces de police ou de services de sécurité devant une discothèque. Tout ce qui concerne la législation sur les stupéfiants, le tabac ou la prostitution, ainsi que les comportements de violence, d’obstruction ou de résistance aux divers services de l’état entraîneront les plus lourdes sanctions prévues par le Code de la santé publique, en plus de poursuites pénales éventuelles.

 

La jurisprudence des fermetures administratives permet d’établir un barème des sanctions, mais celles-ci peuvent varier en fréquence de commune à commune, selon le département concerné.

L’exemple de Bordeaux, en Gironde, est significatif de la volonté d’une commune et d’un préfet de limiter les abus en matière de tapage nocturne dans Bordeaux, qui a eu pour conclusions et conséquences des arrêtés de fermetures administratives nombreuses à l’encontre d’établissements au format trop important et inadapté aux rues étroites du centre historique, entraînant des nuisances pour des centaines de riverains qui ont perdu leur droit au repos aux heures normales (atteinte à la santé et à la sécurité). L’emploi de la fermeture administrative n’est plus une menace comme cela a longtemps été le cas, mais une réalité pour tout bar, restaurant ou discothèque de la préfecture de la Gironde.

Les recours possibles contre un arrêté de fermeture administrative 

Les débits de boissons frappés par une fermeture administrative ont la possibilité de déposer un recours en annulation de l’arrêté de fermeture dans les deux mois suivant sa notification à la société en charge de l’exploitation de l’établissement concerné. Mais cette décision de fermeture doit être exécutée dès le premier jour de cette notification, même si elle doit être plus tard annulée par un juge. C’est pourquoi un recours en référé-liberté est toujours possible afin d’obtenir en 48 heures la suspension de fermeture, mais il devra être fait preuve du caractère urgent de la démarche.

Cette condition d’urgence a déjà été reconnue valable dans le cas d’annulation de concert ou d’événement, pouvant entraîner des pertes financières conséquentes pour un établissement. Si une fermeture administrative est reconnue illégale par un juge, l’exploitant pourra obtenir réparation d’un préjudice éventuel.